Tabula Rasa
Tabula Rasa désigne en latin la tablette de cire vierge, celle où rien n’est écrit, et qui est donc prête à recueillir les mots, les pensées des Hommes. À la naissance, selon
la philosophie empiriste, notre esprit serait vierge comme cette tablette et ce n’est que par l’expérience que viendrait la connaissance.
Faire table rase c’est donc recommencer à zéro, repartir d’une tablette vierge et faire place aux nouvelles expériences, se libérer de l’accessoire pour revenir à l’essentiel. En effet, dans cette création, nous allons faire table rase des idées, les dépoussiérer, repousser les mécanismes pour grandir et ensuite recommencer sur des valeurs nouvelles.
Loin de rejeter tout en bloc, cette création ne retire en rien ses lettres de noblesse à la dansé classique. Au contraire, elle vise à les utiliser tout en les ramenant à leur essence, ce qui nous améne à définir le sens profond du théme : faire table rase pour découvrir le mouvement natif via l’impulsion, le vécu du chorégraphe. C’est pourquoi l’une des contraintes chorégraphiques est de n’utiliser aucun artifice, en se libérant volontairement de tout ce qui existe, qui a déjà servi et qui a déjà été vu. Partir dans une nouvelle direction afin d’explorer le Mouvement et revenir à l’essence même de la danse.
Dans cette quête du mouvement natif, les danseurs évoluent sur une œuvre musicale écrite en 1977 par le compositeur estonien Arvo Pärt : Tabula Rasa (double concerto pour deux violons solistes, un piano et un orchestre de chambre). En 1968 a commencé pour lui une période de « réoriéntation artistique » pendant laquelle il a développé son style tintinnabuli, signifiant littéralement cloches ou clochettes. Tabula Rasa est l’une des premières pièces de ce style : elle contient deux mouvements, le premier est intitulé « Ludus » — qui signifie « jeu » en latin — où des moments de silence alternent avec des variations de canons qui se concluent par un final « meno mosso ». Le deuxième mouvement, « Silentium » où le silence, est composé dans la tonalité du ré mineur, donnant l’impression d’une cadence de VI par rapport à « Ludus » en ré mineur.